samedi 18 juin 2011

1. Bienvenue au cyber-buron


Les Fayes, samedi 18 juin 2011

Oh, je ne devrais pas ! D’abord le terme buron est apparemment approprié par le Cantal ; nul autre n’y a droit ; c’est une notion que je ne connaissais pas, le « Mot Déposé ». Officiellement il faudrait dire « jasserie »… Bof… Et puis, quant à sa nouvelle vocation, en fait pour l’instant je suis le seul à le cybérer ; ce n’est peut-être pas suffisant pour justifier un baptême.

Je ne devrais pas, mais qu’est-ce que j’aime ça ! Depuis que je lui ai donné un nom c’est une autre relation que j’ai établie avec lui, intime, joyeuse.

Auparavant, en dix ans, je l’avais à peine visité quelques fois ce buron-musée, surtout pour le montrer à des amis de passage. C’était l’aubaine : même s’il était mal entretenu, il avait été restauré à l’authentique et la porte était toujours ouverte à qui voulait la pousser. C’est en janvier qu’il s’est dressé sur ma route : je venais de prendre un abonnement 3G pour accéder à l’internet… qui ne passait pas aux Fayes ! Je suis donc monté aux Chaumettes. C’était l’hiver, ça caillait, ça bruinait, j’ai cherché où me réfugier et j’ai pensé à cette porte ouverte… Au moins j’étais protégé de la pluie et du vent. J’ai pu consulter à peu près.

La deuxième fois j’avais acheté une rallonge pour pouvoir suspendre ma clé 3G aux poutres du toit et avoir un meilleur débit. La troisième fois, j’avais aussi apporté de quoi désaraigner, dépoussiérer et décrasser les vitres de la fenêtre car je trouvais malheureux d’être installé face à un si beau cadre et de ne rien voir dehors. Quel plaisir ! J’ai adopté et j’ai baptisé.


C’est le 18 janvier 2011, une date dorée dans mes annales d’installation à demeure, que le cyber m’a sidéré en m’offrant un cadeau démesuré. Il faisait beau, le pré en face était déneigé et révélait ses herbes. J’étais plongé vers mon écran lorsque, dehors, un mouvement m’a intrigué : deux chevreuils broutaient, assez proches. Leurs déplacements les ont entraînés hors de ma vue et je n’ai pas essayé de les suivre car ma batterie d’ordi a une autonomie trop limitée. J’ai replongé.

Pour émerger quand un nouveau mouvement extérieur m’a surpris : ils avaient quitté le pré et l’un au moins paissait le long du buron, devant ma fenêtre, juste devant ! Foin de ma batterie, j’ai délaissé mes tâches et me suis attendri. Sans oser bouger de peur de l’épouvanter. Puis, enhardi, me penchant pour mieux le contempler. Puis, intrépide et profitant de mon gilet porte-avion et ses poches aux mille merveilles, sortant l’appareil photo et captant une image.

Ah, le flash a fonctionné ! Allait-il fuir ? Il avait perçu quelque chose et il a tourné la tête mais lui ne voyait rien à travers la vitre. Il aurait fallu retirer le flash mais je ne sais pas y faire. J’ai redéclenché, il s’est à nouveau retourné et bien qu’à la troisième fois il ait eu dans les yeux l’éclat de lumière il n’a pas bronché.


Inutile de dire combien j’étais remué et à quel point cette aventure a fécondé ma relation avec le cyber-buron. C’est pourquoi j’ai choisi de commencer par vous le présenter lui, le cyber : il symbolise les harmonies auxquelles j’aspire entre l’ancien du buron, les joies de nature et les apports de la technologie ; entre le plaisir de communiquer avec vous et le ravissement de le faire avec les chevreuils et tout ce qui vit ici !