dimanche 2 octobre 2011

7. De buron en Caucase


Depuis huit jours elles sont fermées les portes du buron. La mort dans l’âme j’ai procédé aux vidanges et autres mesures d’avant l’absence. La mort dans l’âme car il me fallait bien le quitter. Mais le cœur gai à l’idée de ce que j’allais découvrir : le Caucase.

C’est la première fois depuis un an que je sors de France. Installé de façon permanente aux Fayes depuis le solstice d’hiver, je rêvais d’y vivre un cycle complet, celui des quatre saisons. Il me manquera donc l’automne. Internet me permet de suivre le jour à jour du climat et la nostalgie ruisselle lorsque je vois l’accumulation des belles journées !

Retour à la syphilisation donc, comme disaient certains amis péruviens ! Les deux jours passés en Arménie ont été un choc : sans sortir de la capitale et logé au… Marriott pour cause d’hôtels remplis puisque l’on fêtait les vingt ans de la nouvelle république ; le contraste des styles et des rythmes a été dur ; mais finalement vivable car, quant aux rythmes, rien à voir avec l’agitation d’Europe occidentale.

Mais ça fait tout drôle d’essayer d’avoir des horaires, un programme ; de ne pas boire le premier café en pleine nature ; de se laver tous les jours ; de (faire semblant de) se préoccuper des habits à mettre ; de parler toute la journée au lieu d’écouter les oiseaux ; de devoir jouer à l’expert après tous ces mois où je ne fus qu’apprenti…
Jeudi, ce fut le voyage terrestre entre Erevan et Tbilissi en Géorgie. Le paysage assez aride de l’automne me rappelait les Andes et je ne me sentais point trop dépaysé. Vendredi et samedi, nous étions en visite de terrain, vers Kazbeghi, donc à quelques kilomètres de la frontière russe. Installés à 1700 mètres d’altitude. Le relief montagneux était celui des Andes, la végétation de bouleaux et sorbiers me rappelait les communaux au-dessus du buron ; je n’étais pas non plus dépaysé.

Les Andes, le buron… j’espère que peu à peu le Caucase va s’incorporer dans mon univers montagneux. La question des langues ne s’y prête guère. Je me sens autiste puisqu’aucune des miennes ne me sert ici ; un peu comme je l’étais à Trinidad et Tobago il y a quatre ans. Mais avec une grande différence : en dehors de la langue, tout me parle ici : les paysages, les gens, le type de défis à relever ; tout cela me donne beaucoup pour entrer au partage.

D’ailleurs, s’agissant de zones naturelles protégées, je me sens plus fort qu’autrefois puisqu’à présent moi-même j’habite en zone protégée : le Parc Naturel Régional du Livradois-Forez…



Entre le 4x4 et la cravate,
quand on ne choisit pas,
ça finit mal!
Et puis, je vais vous avouer (j’avoue beaucoup depuis que j’ai ma fliquette…), en ce dimanche de repos j’ai trouvé un autre prétexte aux rapprochements : je me suis acheté du vin géorgien et en ce moment je goûte la première bouteille de blanc, le rouge sera pour ce soir ! Il faut bien que je connaisse : on m’a expliqué hier qu’historiquement le vin est originaire de Géorgie ; mon devoir est de retrouver les antécédents qui agrémentent ma vie au buron, les savoirs anciens qui ont donné lieu aux joies de notre vie d’aujourd’hui, les liens entre différentes époques et géographies. Je bosse !

 
Tbilissi, le dimanche 2 octobre 2011

3 commentaires:

  1. Alors, ce vin géorgien ? bon … ? pas bon … ?
    Amitiés
    Alain

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  2. Merci, encore et toujours, pour ces bons moments de lecture...

    Fabienne

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  3. Le vin? Le problème c'est que tout est écrit en alphabet géorgien, alors on se trompe, on en choisit un, puis on se dit qu'un autre serait peut-être mieux, et on finit avec un vin sucré...

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