C’est la pause. Après les presque un mètre de neige et le
froid qui avaient annoncé l’arrivée de l’hiver à partir de la mi-novembre, puis
plusieurs semaines de réchauffement progressif qui ouvraient la porte aux
activités extérieures, voilà qu’un lundi brouillardeux et un mardi neigeoteux
viennent m’offrir l’occasion d’une halte bienvenue.
Les températures négatives en journée sont bien de
retour, de quoi préserver les trois centimètres tombés hier et donc la
blancheur qui réverbère toute lueur et illumine mon intérieur. Et sans que le
vent ne m’oblige à me harnacher pour sortir. Même sans bonnet péruvien et les
pieds nus dans les chaussons, c’est agréable et revigorant.
Troisième jour de suite sans m’habiller afin de
m’empêcher d’entreprendre quelque aventure de bûcheronnage ou autre. Le Thierry
ronronne sans forcer et je me suis habitué à vivre avec un plus quinze dedans
(même si la semaine dernière j’avais ressenti le besoin de suspendre tout
chauffage afin de me régénérer).
Du coup voilà que s’envole ma récente phobie de l’ordi et
de toute écriture, emportée par l’envie de vous partager ces diverses douceurs
d’hiver. Car, en contraste avec les longueurs et langueurs de l’an dernier, ce
qui prédomine pour l’instant cette fois-ci c’est l’alternance vivifiante.
La première vague hivernale de novembre-décembre fut
succulente car elle s’installa peu à peu mais fortement. L’occasion de tester
mes aptitudes, mes nouveaux aménagements et mon âme. Et c’est lentement aussi
qu’elle se dissipa, fournissant des transits que je méconnaissais. C’est ainsi
que je m’essayais à trois ou quatre heures par jour de tronçonneuse en
raquettes, les complétant par la découverte de nouveaux auteurs arctiques comme
le Jorn Riel du Groenland danois ou le Arto Paassilinna du nord de la Finlande.
Ambiances…
Le redoux suivant ancra et diversifia les activités
extérieures et je me suis régalé de journées de plus en plus longues, selon les
températures matinales, à faire et à rêver, supprimant des arbres encore trop
proches de mon toit et de mes projets de potager, imaginant en apéro de
terrasse l’extension de mes sentiers, préparant les conditions pour un plus
facile entretien régulier des écoulements du chemin en bas de pré,
m’émerveillant de couchers de soleil et de splendeurs de lune.
L’apothéose est survenue samedi dernier : de neuf
heures du matin jusqu’à six heures du soir je me suis installé dessous le pré
et j’ai nettoyé les bordures de drains, coupé les repousses de saules, brûlé le
gros tas de branchages, pour finir ensuite en dîner-partage chez les Jean-Mart,
mes plus proches et plus chers voisins.
Entre temps, début et fin décembre, deux expéditions hors
de mes bases m’ont plongé en société, en présent, futur et passé de ces vies
que j’amasse et qui me tissent. En Dordogne, Ariège et Haute-Loire, puis dans
le Lot, j’ai ressourcé certaines de mes familles et endigué les marées de
sédentarisme érémitique auxquelles je m’abandonne d’ordinaire avec tant de
plaisir.
A présent la froidure semble de retour. Bienvenue à elle,
la nature et moi nous en avons également besoin. Elle est composante
essentielle dans les douceurs d’un hiver en diversité d’émois, en chatoiements
de songes et en polyphonie de tâches. D’ailleurs c’est elle qui donne son goût
épicé à la pause d’aujourd’hui.
Le mercredi 15 janvier 2014 à Las Fayas
Je ressens comme une extase mêlée de quelque peur devant une si belle et puissante nature où règne la solitude ... Heureusement que pour toi c'est l'extase qui semble l'emporter. Une fiole de poire t'attend chez Alain à St Etienne à moins qu'il n'ait pas résisté au plaisir de ce breuvage des dieux. Dans ce cas-là on la remplacera. Bon hiver 2014 ! Gérard.
RépondreSupprimerLes Cohibas sont au frais et avec un zeste d'humidité. Résultats dans 18 mois? Il pleut sur Sucre. On mange des figues de Barbarie. Au plaisir de te lire
RépondreSupprimerDe la poire, des cigares! Que de douceur pour bientôt!
RépondreSupprimerÇa contribuera encore mieux à l'extase...
Merci à vous