lundi 30 mai 2016

C'est la fête, c'est Janivières


Ce matin je suis gonflé d’énergies positives alors j’en profite pour m’essayer à cette écriture qui me fuit de plus en plus, pas celle qui en permanence s’épanouit ou se déroute dans ma ciboulotte mais celle qui s’accouche en clavier et peut se partager. Energies positives? La faute aux 70 ans de Janine qui se fêtaient hier en château barjot de Valcivières.
Les anniversaires ont bien des rites et des codes. J’étais content d’y participer mais, la veille, ma tentative d’en ébaucher une petite parodie avait débouché sur une forte accélération des méninges qui ne s’éteignit pas et me valut nuit blanche, décomposant mes vers et mes horaires. Pourtant de bien plus forts émois devaient en samedi venir émousser mes fatigues et mes phobies de foule et m’embaumer d’une douce béatitude.
Bien sûr, il y eut d’abord en midi le pique-nique des exilés arrivant de loin, la plupart vétérans des années héroïques où de toute la France surgissaient hippies et marginaux soixante-huitards attirés par nature et paysages et par le faible coût de maisons à louer ou à acheter en Forez et Livradois. L’ambiance était aux retrouvailles et aux souvenirs qu’en pièce tardivement rapportée dans ce cercle je ne pouvais que contempler.
Puis, profitant de ce que les orages augurés jouaient encore à cache-cache alentour, commença le débarquement rythmé des contemporains, en solo, en couples, en familles, des enfants, des ados, des adultes, des anciens, des natifs et des immigrés, avec plats, cadeaux, petits mots, jeux, fleurs, francs sourires et joyeux délires. Comme j’acquiers peu à peu quelque mémoire de têtes et de noms, j’alternais ou je me baguenaudais plaisamment, goûtant l’heure et les rencontres.
Ensuite, la pluie nous concentrant sous les couverts, je me surpris à ne point ressentir cette oppression qui couramment me gagne au sein des affluences. Bien au contraire. Je m’imprégnais, j’entrais en ravissement. Pour sûr c’était l’anniversaire de Janine qui nous rassemblait ici. Et personne n’aurait voulu manquer cette occasion de lui témoigner l’attachement, l’amitié, la reconnaissance. Mais c’était plus aussi. C’était comme une communauté qui se célébrait elle-même à travers Janine qui en est âme, lien, confessionnal. Oui, c´’était beaucoup plus que la fête de Janine, c’était celle de Janine et Léon car ils sont complémentaires et indissociables dans cette animation des entraides, des envies et des liesses. C’était la fête de tous ceux qui forgent cette culture de la solidarité, de la qualité de vie dans le goût du local et l’ouverture à la diversité, au delà des avoirs, des titres et des pouvoirs, en réjouissance d’être et faire ensemble, sans exclure ni s’enfermer. C’était la fête de cette nouvelle auvergnitude qui s’esquisse et se complaît dans bien des hameaux et villages de l’Ambert et autres endroits.
C’est ce qui me grisait de plus en plus sous ce chapiteau devenu pressoir de rêves. C’était la plus belle démonstration que je ne m’étais pas trompé en choisissant Les Fayes pour dernier refuge car si ses charmes de nature et d’ouvrages paysans m’avaient envoûté je savais aussi y trouver des voisinages selon mon coeur, l’expérience m’ayant déjà appris que le lieu le plus magique peut devenir cauchemar s’il est encerclé par des nuisibles.
Alors, pardon Janine, je ne me suis pas empressé dans les salles grouillantes où démarrait ta cérémonie d’années. J’ai préféré l’auvent déserté afin de mieux savourer mon émotion et accueillir un nom pour ce moment de festivité : la Janivières. Jani évidemment car si tout ceci est de tous, tu en es le symbole. Et Vières pour ce Valci qui héberge une belle concentration d’adeptes du beau et chaud vivre ensemble et en est donc un autre symbole.
A quand la prochaine Janivières? Car si mieux vaut seul que mal entouré, même pour un ermite il est encore plus merveilleux d’être seul et se savoir bien entouré.

Les Fayes de Valcivières, le dimanche 29 mai 2016

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