mardi 7 août 2018

Bienvenue à la délirothèque


Pour préparer l’avenir, celui un peu lointain, disons trente ou cinquante ans, rien de pire que commencer par la raison, la logique : on s’enferme alors dans l’évidence, le connu, les sentiers battus et on refuse de les dépasser, d’aller au delà, de considérer tant de possibles et d’impossibles qui ne réussissent plus à effleurer notre esprit. C’est pourquoi ici à La Zutterie on délire ! Pour aider l’imaginaire à larguer les amarres.
Je sais, les tenants de l’ordre établi, quel qu’il soit, se gaussent et proclament pour exclure : “Il dit lui-même que ce sont des délires !” Ils croient avoir ainsi tout dit pour déconsidérer l’empêcheur de tourner en rond. Mais moi je le revendique ce délire : il m’a été si utile tout au long de ma vie.
Car sans dé-lire, la créativité reste bien pauvre. Reprenons l’origine du mot. “Lira” en latin c’est le sillon que trace le laboureur. Pas très fantaisiste : de l’ordre, de la discipline, on va tout droit… Dé-lirer c’est donc quitter le sillon, di-vaguer, extra-vaguer, dépasser les frontières dictées par les traditions, les maîtres, les routines. C’est se rendre disponible à toutes sortes de chemins éventuels.
Bien sûr, on en peut pas s’arrêter là, se cantonner au délire. Mais on ne devrait pas s’en passer. Il suffit de comprendre la séquence : d’abord on délire, on s’évade du carcan de la raison, on s’enrichit d’autres apports, d’autres dessins, même s’ils peuvent sembler absurdes, roucouler un paradis, virer au cauchemar…
Après s’être ainsi nourri, la deuxième phase est le plus souvent celle des rêves. Certaines des sentes entraperçues nous font envie ou nous font peur ? C’est en rêve que l’on revient dessus. D’autres sont oubliées, pour cette fois peut-être, mais celles qui nous touchent s’emparent de nos songes nocturnes, de nos songeries éveillées. Elles y prennent corps, s’y étoffent peu à peu… ou disparaissent.
Celles qui restent peuvent essayer de passer au troisième stade, celui du projet. C’est là qu’intervient la confrontation avec tous les “établis” : la raison ; les savoirs; les pouvoirs, les vouloirs ; les chiffres, les gros mots qui justifient ; les… Bon, vous connaissez tous ça. De même que l’âge ultime, le quatrième, celui de la réalisation. Je ne m’éternise pas.
Ce qui m’intéresse c’est de favoriser ce que l’on tend à délaisser, à mépriser, à renier, à sataniser, ou tout simplement à méconnaître, à oublier : ce point de départ, ce moment où on quitte la cage et on s’adonne au vol libre, aux dérives, au délire donc.
A La Zutterie, on délire sans cesse. Je n’y ai aucun mérite : je fais ça depuis toujours. Mais j’ai aussi envie de partager. C’est pourquoi je vais ouvrir une délirothèque (rien de nouveau, j’en ai eu en Amérique Latine). Le premier exercice de délirothèque ouverte à tous (sauf aux dogmatiques et psychorigides au stade incurable) se fera lors de la Fête de la Zutterie les 17, 18 et 19 août, aux Fayes, au-dessus du Perrier, à Valcivières.
Une bonne manière de profiter de l’ambiance que créeront les Toqués du Piti Monde, en pause chez moi avant de continuer au Festival d’Aurillac (https:www.facebook.com/LePitiMonde) ; de se reposer de leurs contes et dé-contes, leurs clowns, leurs musiques, leurs rires. Et aussi de lancer un délire sympa sur un sujet prioritaire pour cette fois: notre montagne dans 30 ou 50 ans.
Las Fayas, le samedi 23 juin 2018
(ouf! j'ai même réussi à l'envoyer...)

2 commentaires:

  1. je découvre votre blog grâce à Franck Baubois de la Moronie.

    Je suis venue travailler chez Patricia et Franck la semaine passée. Je retourne à Angoulême demain aux aurores.. aurais aimé vous rencontrer. Prochaine Visite ici, bien sûr, un jour. Pour une autre lumière sur les pentes, Christine Quoiraud

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    1. Bonjour Christine. Désolé, je ne suis pas très réactif! Je consulte très rarement. Bienvenue quand tu reviendras. Pierre

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