dimanche 3 juillet 2011

2. Bienvenue à La Zutterie

Il faut s’assumer ! Depuis que je l’ai achetée en 2004, cette maison qui à présent recueille ma vie, je lui cherchais un nom. Tout d’abord il fallait échapper aux confusions de voisinage puisque je suis à côté d’un autre Pierre, aux tracasseries des vocables régionaux (buron, jas, jasserie) avec leurs cerbères et leurs exégètes, aux formules alambiquées pour se situer dans l’espace. D’autre part, je goûte toujours le charme désuet des expressions qui désignaient les fermes isolées de mon Aube natale : la nôtre s’appelait « La Belle Idée » ! Une autre « L’Espérance ». Une autre « La Folie Godot »…

Le cadastre enregistre mon terrain en tant que « Chez Rousset », du nom d’un ancien propriétaire dont personne ne sait me rendre compte ? A présent ce sera « La Zutterie » ! Il faut bien que j’en profite de ce nom de famille à la fois exotique et marrant. Exotique car le De Zutter originaire des Flandres belges ne peut avoir de sens qu’en néerlandais. Marrant car s’il contient Zut c’est comme dans la musique : trois fois (ter). Je suis une tri-m…

Bienvenue donc à La Zutterie ! Je vais vous la présenter.

Habitation traditionnelle des zones de pâturage d’altitude en Auvergne (buron ou jasserie), elle est vieille mais je n’ai pas encore trouvé de traces de son âge. Ces maisons comprennent en général, au rez-de-chaussée, une pièce à vivre organisée autour d’une grande cheminée et une étable (la taille dépendait du nombre de bêtes qu’avait la famille), et à l’étage, une chambre au dessus de la pièce à vivre et un grenier à foin.

La mienne fut rachetée en 1971 par un jeune parisien qui me l’a donc cédée il y a quelques années car il ne pouvait plus en assurer l’entretien : regardez l’état de la toiture le jour où nous avons signé le compromis de vente !
La photo de droite a été prise il y a une quinzaine de jours. Quel changement ! Hérésie ? C’est ce que beaucoup auraient dit il y a peu encore, mais la paille est maintenant introuvable et le coût de son renouvellement est de plus en plus élevé. Aujourd’hui il existe plusieurs toits en bac acier comme le mien, et je n’ai pas été le premier.

Tout ça pour vous dire que je ne vais pas entrer dans les détails de la maison actuelle mais je vais simplement vous raconter son principal attrait.

L’ancien propriétaire avait commencé l’évolution, transformant l’étable en chambres, salle d’eaux et WC, tout en parpaings et carrelage. J’ai suivi la pente : puisque ce qui m’intéresse ce sont les extérieurs, en intérieurs je suis allé au plus pratique et au plus simple (pourquoi conserver la même hauteur de plafond et se cogner en permanence aux poutres ?). Et puis, à l’heure de l’adopter en tant que résidence principale, c’est le confort qui a été ma priorité.

C’est ainsi que j’ai… un vrai pavillon de zones suburbaines !
Mais attention, à l’étage, où tout est en bois de charpente et de plancher qui ont été renouvelés, c’est un buron que j’ai ! En dehors de la chambre, que j’occupe, la grande salle de l’ancien grenier m’invite à l’habiller en pièce à vivre, une pièce différente. Je trouverai bien comment, j’y pense et je suis patient

Alors voilà, j’ai un pavillon et un buron. Et c’est ainsi que je les appelle dans le petit journal de bord que je tiens. Ridicule ? Mais non C’est pour échapper au ridicule de la langue française qui voudrait que le pavillon je l’appelle « rez-de-chaussée » alors que c’est le buron qui est au ras de la chaussée, comme dans toutes ces constructions traditionnelles. Et je ne vais quand même pas inventer un « rez-de-vaches » pour le pavillon puisqu’il n’y a plus de vaches… Vous comprenez pourquoi je préfère parler de « La Zutterie » et ne pas me casser la tête ?

Les Fayes, le 29 juin 2011

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