Il faut dire que j’avais réussi à faire la route depuis
ma Champagne natale (où j’avais crocheté en rentrant du Caucase) avant que la
nuit ne soit complètement tombée. A dix-huit heures j’avais tout déchargé,
allumé le Thierry et je m’installais en terrasse sud-ouest pour déguster les
dernières rougeurs du ciel et les premières lumières d’un apéro de rhum vieux.
Le pied dans mon cœur !
Il faut dire que je ne venais pas en passant comme la
dernière fois ; ce n’était pas qu’une pause, j’arrivais pour me
poser ! Aucune urgence. Enfin si, une quand même, un texte pour l’Arménie
avant qu’il ne soit midi là-bas, donc neuf heures en buron. Bon prétexte pour
reprendre le rythme d’un réveil tôt vers cinq heures. Bon prétexte pour déjà
monter en cyberburon des Chaumettes.
Il faut dire aussi que ma deuxième montée, à midi pour
corrections, fut à pied et que j’ai pu retrouver ainsi… les défis de l’automne.
Ma dernière journée avant le départ avait été consacrée aux écoulements des
eaux puisqu’une grosse journée de pluie permettait d’espérer enfin les trombes
tant attendues. Entre autres, j’avais débouché la rigole qui dessert les
Chaumettes du bas. Et voilà que cette fois elle suintait un peu plus haut et de
plus en plus fort sur la voie empierrée qu’on appelle romaine. Encore bouchée.
C’est ainsi que mon mercredi fut pleinement actif, de la nuit au couchant. Et
rayonnante puisque le soleil triomphait ici alors que les vallées s’embrumaient
en dessous
Oui, défis de l’automne car le sol de l’hiver est gelé et
ne permet plus ce genre de travaux. Il faut en profiter. Il faut en
profiter ? Mes projets de jeudi en marché à Ambert sont passés à la
trappe. J’ai été rattrapé par un autre drain, celui que j’ai fait pour relier
les deux serves de mon pré.
Tout d’abord débroussailler pour bien voir et mieux
travailler. Mais la débroussailleuse a sa propre logique et cette fois sa
volonté a été plus forte que la mienne : peu à peu je me suis laissé
piéger par le rêve… Puisque je suis dans le pré, pourquoi ne pas nettoyer un peu
le recoin anciennement marécageux et qui s’est déjà un peu asséché ? J’ai
commencé mais les abords de la serve haute m’attiraient trop : cela fait
plusieurs années que je réfrène mon envie de l’aménager car il y a toujours
plus urgent ; le retard de l’hiver m’offre l’occasion d’en faire un peu.
C’est ainsi que c’est plutôt le haut du pré que j’ai
nettoyé, alternant la débroussailleuse avec la bêche. Avec la bêche parce que
je n’ai pas résisté : les pieds dans l’eau et le cœur au soleil j’ai
retracé un petit canal pour la circulation au milieu de près d’un mètre de
tourbe qui remplit la serve.
De la tourbe ? Est-ce que ce serait bon pour un
potager futur ? Et j’étais reparti dans mes délires, imaginant des
terrasses à construire, cherchant souvenance des techniques incas pour avoir un
fond drainant et une terre riche, avec la meilleure exposition au soleil…
Qu'est-ce que c'est ce truc informe? Plus c'est informe plus on peut rêver de le faire chanter à sa manière. Un jour, vous verrez... |
Vous imaginez à quoi je songeais en apéro du couchant, en
surplomb de cette serve ? Aux paysans d’Arménie et à leurs petits lopins
dans la pente autour des maisons. J’en ai beaucoup parlé ces dernières semaines
et c’est en songeant aux devenirs possibles de ces lopins que nous avons établi
notre calendrier. Et voilà que je découvre soudain, chez moi, que c’est en
automne que l’on apprête le terrain pour les semis de printemps !
A Las Fayas, le vendredi 25 novembre 2011
La septième tentative fut la bonne... J'espère qu'à présent il va mieux marcher ce blog... ou mon internet!
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