mardi 6 décembre 2011

10. Quand l’hiver tarde: défis d’automne

D’ordinaire il me faut du temps pour rétablir l’harmonie entre le buron et moi après une absence. Ça peut prendre plusieurs jours comme en octobre. D’où ma surprise lors de mon retour d’Arménie, ce mardi. D’emblée ce fut l’enchantement ! Immédiatement ce fut la collaboration !

Il faut dire que j’avais réussi à faire la route depuis ma Champagne natale (où j’avais crocheté en rentrant du Caucase) avant que la nuit ne soit complètement tombée. A dix-huit heures j’avais tout déchargé, allumé le Thierry et je m’installais en terrasse sud-ouest pour déguster les dernières rougeurs du ciel et les premières lumières d’un apéro de rhum vieux. Le pied dans mon cœur !

Il faut dire que je ne venais pas en passant comme la dernière fois ; ce n’était pas qu’une pause, j’arrivais pour me poser ! Aucune urgence. Enfin si, une quand même, un texte pour l’Arménie avant qu’il ne soit midi là-bas, donc neuf heures en buron. Bon prétexte pour reprendre le rythme d’un réveil tôt vers cinq heures. Bon prétexte pour déjà monter en cyberburon des Chaumettes.

Il faut dire aussi que ma deuxième montée, à midi pour corrections, fut à pied et que j’ai pu retrouver ainsi… les défis de l’automne. Ma dernière journée avant le départ avait été consacrée aux écoulements des eaux puisqu’une grosse journée de pluie permettait d’espérer enfin les trombes tant attendues. Entre autres, j’avais débouché la rigole qui dessert les Chaumettes du bas. Et voilà que cette fois elle suintait un peu plus haut et de plus en plus fort sur la voie empierrée qu’on appelle romaine. Encore bouchée. C’est ainsi que mon mercredi fut pleinement actif, de la nuit au couchant. Et rayonnante puisque le soleil triomphait ici alors que les vallées s’embrumaient en dessous

Oui, défis de l’automne car le sol de l’hiver est gelé et ne permet plus ce genre de travaux. Il faut en profiter. Il faut en profiter ? Mes projets de jeudi en marché à Ambert sont passés à la trappe. J’ai été rattrapé par un autre drain, celui que j’ai fait pour relier les deux serves de mon pré.

Tout d’abord débroussailler pour bien voir et mieux travailler. Mais la débroussailleuse a sa propre logique et cette fois sa volonté a été plus forte que la mienne : peu à peu je me suis laissé piéger par le rêve… Puisque je suis dans le pré, pourquoi ne pas nettoyer un peu le recoin anciennement marécageux et qui s’est déjà un peu asséché ? J’ai commencé mais les abords de la serve haute m’attiraient trop : cela fait plusieurs années que je réfrène mon envie de l’aménager car il y a toujours plus urgent ; le retard de l’hiver m’offre l’occasion d’en faire un peu.

C’est ainsi que c’est plutôt le haut du pré que j’ai nettoyé, alternant la débroussailleuse avec la bêche. Avec la bêche parce que je n’ai pas résisté : les pieds dans l’eau et le cœur au soleil j’ai retracé un petit canal pour la circulation au milieu de près d’un mètre de tourbe qui remplit la serve.

De la tourbe ? Est-ce que ce serait bon pour un potager futur ? Et j’étais reparti dans mes délires, imaginant des terrasses à construire, cherchant souvenance des techniques incas pour avoir un fond drainant et une terre riche, avec la meilleure exposition au soleil…
Qu'est-ce que c'est ce truc informe? Plus c'est informe plus on peut rêver de le faire chanter à sa manière. Un jour, vous verrez...

Vous imaginez à quoi je songeais en apéro du couchant, en surplomb de cette serve ? Aux paysans d’Arménie et à leurs petits lopins dans la pente autour des maisons. J’en ai beaucoup parlé ces dernières semaines et c’est en songeant aux devenirs possibles de ces lopins que nous avons établi notre calendrier. Et voilà que je découvre soudain, chez moi, que c’est en automne que l’on apprête le terrain pour les semis de printemps !

A Las Fayas, le vendredi 25 novembre 2011

1 commentaire:

  1. La septième tentative fut la bonne... J'espère qu'à présent il va mieux marcher ce blog... ou mon internet!

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