Février se termine et je suis heureux d’avoir pu
m’essayer ici à ces grands froids, à cet enneigement, à ce retour à un hiver un
peu plus réel que celui de l’an dernier. C’est vivable ! C’est même
savoureux.
Mon chauffage s’est amélioré, encore que je doive limiter
le Thierry car il perd sa tresse et pourrait s’emballer ; bientôt il me
faudra expérimenter son remplacement. Mais mon bois de feu a été meilleur et
suffisant ; j’ai mieux entrevu les différences entre les essences, leur
qualité, la façon dont elles ont été débitées, fendues, séchées, entreposées.
Mes calfeutrages ont progressé, même s’ils ne sont encore que des rafistolages.
Les provisions montées à l’automne ont à peu près tenu,
avec bien sûr l’aide de mes absences. Cependant il faudra mieux calculer les
jus d’orange, les apéros, le vin. L’essentiel quoi ! Mais quel soulagement
de ne pas craindre la fin des bouteilles de gaz, ni l’éclatement des
tuyauteries, ni l’insuffisance de courant solaire. Oh, j’ai quand même passé
deux semaines aux bougies (et je me suis rendu compte que j’avais oublié d’en
faire des réserves) quand les brouillards dominaient et que je préservais
l’énergie pour mon ordi… C’est surtout que j’avais zappé l’entretien de mon
groupe électrogène et qu’il m’a fait faux bond !
Enfin, je me suis un peu plus découvert moi-même ! A
présent plus rassasié de ce lieu, j’ai moins souvent quitté le lit avant l’aube
pour aller quêter les images et les vents nocturnes. Et j’ai éprouvé quelle est
la plus grande absence de l’hiver, son plus grand vide : les travaux
d’aménagement à l’extérieur. Le sol congelé et la couche de neige ne se prêtent
guère aux activités que je choie le plus ; elles m’ont manqué. Sans
l’obsession de la survie qui m’occupait l’an dernier, leur désertion s’est
remarquée. Une autre absence : il a bien fallu constater que cette vie de
buron est difficilement partageable et qu’il y faut s’assumer en vieux garçon.
Il y a cinq jours j’avais préparé un billet pour les deux
blogs qui s’appelait « apprentissages de froid et de neige ». Il a
suffi que je ne puisse pas le poster de suite pour qu’il perde tout son sens.
Comment préserver le chauffe-eau ? J’avais tout faux et je devrai quand
même démonter le brûleur pour le nettoyer. Comment faire des traces dans la
neige qui garantissent un bon transit ? Elles n’évoluent pas du tout comme
je l’avais imaginé. Comment affronter les eaux abondantes de la fonte des
neiges ? La poudreuse actuelle a peu d’eau et elle s’infiltre lentement
sans provoquer de grands ruissellements. Comment éviter la formation de
congères sur mes chemins ? Eh bien, il semble qu’on ne les évite pas, du
moins avec des moyens réduits. Et ainsi de suite…
La belle trace des raquettes, elle fond mal. La moche fond plus vite ! |
Alors c’est peut-être ça mon principal apprentissage de
cet hiver : il faut savoir relativiser les apprentissages et commencer par
désapprentir chaque jour ce que l’on croyait avoir appris la veille !
Oh, ce n’est que la deuxième fois que je m’essaie à cette
permanence, il y aura bien des choses qui perdurent… Je l’espère. Mais je peux
reprendre ma dernière phrase du billet que je n’ai pas envoyé et qui gît à
présent dans le fichier des « écartés » :
« Le plus beau dans tout ça ? La vie au buron
ça n’est jamais une routine ! Du moins pas celle qu’on prévoit… »
Las Fayas, le mardi 28 février 2012
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